Marcher lentement, réemprunter les mêmes chemins.

Flâner, observer, dériver.

Détailler les alentours,

en connaître les habitants et leurs cycles, les sédiments.

Déplacements,

le dedans au-dehors,

au dedans d’un plus vaste que soi.

Appartenir à ce vivant-là,

entrelacs du corps et du monde, cohabitations multiples.

Empiétements.

 

Le travail artistique s’ouvre avec la disponibilité à rejoindre et se confondre à l’autour.

Nous sommes faits du monde, bêtes, cieux, cailloux, microbes, forêts, et eaux mouvantes.

Il s’agit pour moi, dans le travail d’approche, de lectures, de recherches et d’atelier, de guetter les appartenances communes entre humains et non-humains, les porosités de règnes, les récits à multiples voix.

Déplacer et multiplier les « points de vies ».

A travers mes sculptures, installations immersives ou écrits je convoque une poétique de la parenté, et des itinéraires croisés. Je guette les mémoires mélangées de l’Homme et du monde organique, les continuités de formes, de matières et parfois de sons.

Je cherche, là où souvent notre quotidien nous sépare, à restaurer avec le monde vivant des indéterminations, des cohabitations et des zones de partage. Je cherche l’expérience d’un sol en commun, d’une ascendance partagée et d’un avenir lié.

Pour ce faire, chaque projet est au long court et souvent composite. Il nécessite de larges tranches de temps, des rencontres, collaborations, apprentissages de techniques, de savoirs faire et d’histoires.

Le travail de la sculpture est central, il procède d’un temps patient de transformation d’une matière récoltée sur le terrain. Cuisson, trempage, suture, tannage … le geste artisan au service de l’émergence d’une forme, d’une structure déjà suggérée par les propriétés des matériaux sélectionnés.

La matière devenant forme, elle stratifie de possibles histoires/récits qui de longues dates se partagent, façonnant nos cultures.